[...] Phil Collins sort en février 1981 son premier album solo, "Face Value", lequel atteint immédiatement le grand public. C'est Tony Smith qui, en entendant les morceaux que Phil Collins avait composés dans son grenier, l'avait convaincu d'en faire un disque : auparavant, l'idée n'avait pas même effleuré l'intéressé !
À partir de là, la première image que Phil Collins renvoie aux yeux du public n'est plus celle d'un batteur surdoué : il est enfin considéré d'abord comme un chanteur, et plus seulement celui de Genesis.
Sur "Duke" (ndlr : album de Genesis), sa performance vocale avait déjà semblé moins linéaire et plus assurée que sur les précédents albums, son timbre s'y faisant plus rauque, voire plus rock, en tout cas plus rentre dedans et électrique, sans doute parce que les compositions collectives issues des jams avaient
cette fois suivi naturellement sa voix et vice et versa.
Mais avec le succès phénoménal de "Face Value" et du hit "In The Air Tonight", Phil franchit encore un palier : en s'appuyant sur son héritage jazz-rock made in Brand-X pour composer des "pop songs" ou des ballades immédiatement accessibles parfois à la limite de la variété, l'ex-batteur de Flaming Youth vient de trouver une formule payante, dans tous les sens du terme. Contre toute attente, le voilà déjà star et le phénomène ne cessera de s'amplifier au fil des années et de ses albums solos successifs. Ce qui ne sera évidemment pas sans grande conséquence sur la carrière de [...] Genesis...
Extrait du livre "Genesis - La Boîte à Musique", Frédéric Delâge (voir la rubrique "Livres").